Les instruments de Carolan & C°
 



Le Psaltérion à archet  

Le mot Psaltérion est apparu pour la première fois dans la Bible au chapitre des Psaumes où il est dit que le roi David chantait en s’accompagnant du psaltérion. La manière dont pouvait s’utiliser l’instrument à l’époque Biblique consistait sans doute à pincer les cordes avec les doigts ou un petit morceau de bois nommé « plectre ». La version à archet de cet instrument particulier serait apparue (source Jean-Louis Gault) au onzième siècle en Italie puis au douzième dans tous les pays Celtiques à commencer par l’Irlande.

La forme actuelle, triangulaire, est due à des luthiers allemands de la seconde moitié du XXè siècle. Cette disposition rend très aisée la pratique du psaltérion à archet. L’utilisation de l’archet confère à l’instrument une sonorité rare riche en harmoniques et aux vertus apaisantes.

Tandis que Jean-Louis Gault accordait les cordes de droite selon un mode celtique ancien et les cordes de gauche de la même façon, pour profiter pleinement des vibrations par résonances sympathiques,  Michèle accorde ses Psaltérions selon une gamme tempérée à droite et place les altérations sur les cordes de gauche.



 
   

                               Michèle Cholley                                                     Jean-Louis Gault (1952 - 2014)






Les Flûtes à bec     

La flûte à bec fait partie de la famille des instruments à vent. Bien que l'on parle de « flûte à bec » au singulier, il est important de préciser qu'il s'agit en fait d'un groupe d'instruments aux sonorités plus ou moins grave, allant de la petite sopranino à la grande contrebasse. L'existence de la flûte à bec est attestée dès la préhistoire mais c'est au XVème siècle qu'elle devient vraiment un instrument à part entière. A cette date, on parle des premières créations de flûtes à bec, car les techniques mécaniques permettent de creuser les corps des flûtes et d'y creuser des trous à intervalles réguliers. De nombreux bas-reliefs et documents iconographiques attestent de la pratique de cet instrument. Dès le Moyen-âge on trouve des flûtes à bec de tous tons, avec même certaines flûtes à bec contrebasse, dont les plus grandes pouvaient atteindre 2,50 mètres.




Ces flûtes vont être utilisées assez fréquemment durant toute la période de la Renaissance, mais vont peu à peu tomber en désuétude. Au XIX° siècle il est très rare d'entendre jouer de la flûte à bec. C'est le  luthier anglais, Arnold Dolmetsch, qui va redécouvrir la flûte à bec et lui redonner la place qu'elle mérite dans l'interprétation musicale. Il se mit à en fabriquer lui-même dès 1905. Dans le même courant, le luthier allemand Peter Harlan fabriqua dès 1927. Cependant il modifia des détails dans la conception pour faire correspondre l'objet à ses besoins. La flûte à bec connu, reconnu alors un immense succès. Les flûtes anglaises et baroques, de conception légèrement différentes, s'opposèrent alors. Les fûtes anglaises sont très proches des modèles originaux, et permettent d'imaginer ce qu'était avant la musique. La flûte baroque quant à elle avait pour but, tout en s'approchant un maximum des anciennes flûtes, d'offrir à un large public un instrument simple d'utilisation et agréable, autant à jouer qu'à entendre. De ce fait c'est la flûte à bec baroque qui remporta le plus de succès, à la fois pour sa facilité à être joué, mais également car elle permet d'interpréter un répertoire plus large. Cependant, l'art de la flûte à bec ne sera enseigné que plus tard, au alentour des années 1970. La flûte à bec, ou les flûtes à bec sont donc un instrument chargé d'une longue histoire, que l'on peut faire remonter aussi loin que l'histoire de l'homme. Cet instrument aura donc une histoire chargée, passant par des périodes d'oubli et des périodes de grandes gloires, amenant la flûte à bec à l'instrument que l'on connaît aujourd'hui.


Dans le répertoire de Carolan & C°, les flûtes à bec sont plus appropriées que les flûtes traversières (bois ou métal) et les Tin Whistles, en ce sens que ces instruments sont en fait de facture plus récente : la flûte traversière baroque a émergé en Europe vers 1670 et a été popularisée au XVIIIè siècle, mais très peu en Irlande. Ce n’est qu’après l’invention de THEOBALD BÖHM que la flûte en bois devint l’instrument de choix des musiciens irlandais : les fanfares et autres orchestres (militaires) se débarrassaient de leurs instruments pour acquérir les nouveaux modèles, et dans les  brocantes les flûtes en bois furent proposées à des prix dérisoires ... Quant aux Tin Whistles, ils sont nés dans le Tiny village de Coney Weston, en Angleterre, au milieu du XIXè  siècle. Robert Clarke, un pauvre fermier possédait et jouait d'une petite flûte en bois. Il utilisa un nouveau matériau métallique nommé "tinplate" pour reproduire sa flûte en bois.  La nouvelle flûte sonna si bien que l'homme décida de démarrer une petite entreprise de fabrication de flûtes qu'il entreprit rapidement de déménager à Manchester où les opportunités étaient meilleures. Avec son fils, il marcha avec ses outils dans sa brouette jusqu'à Manchester ! Sur le chemin, il s'arrêtait fréquemment dans des villages où il fabriquait et vendait ses instruments, souvent à des marins irlandais qui travaillaient sur les chantiers de construction du chemin de fer ou des canaux. Ces derniers ramenèrent leurs tin whistles en Irlande où ils devinrent rapidement les instruments préférés de la musique traditionnelle.

Les flûtes jouées dans Carolan & C°, sont des copies de modèles anciens, qui étaient joués à l’époque baroque. Elles sont donc bien adaptées à notre répertoire, même pour les airs irlandais de facture traditionnelle, dont les interprétations données aux flûtes à bec possèdent un caractère particulier.



Flûtes à bec Renaissance
Flûte Soprano Adège (d'après Terton) Collection GK


    

Six des  flûtes à bec de Gwenaël ... et  le Low Whistle en Ré



La harpe ancienne

Informations extraites du site de la harpe ancienne en Bretagne (http://henttelennbreizh.net)


Les pays celtiques sont réputés pour avoir chéri la harpe plus que tout autre instrument. Les harpistes y étaient protégés, de même que les poètes, et le raffinement de leur art était reconnu dans toute l’Europe jusqu’à la fin du Moyen Age. Cet art ne déclina que sous le poids des invasions anglo-normandes. La harpe ancienne des Celtes, caractérisée par ses cordes de bronze aux sonorités riches en harmoniques, conserva certaines caractéristiques médiévales en Irlande et en Ecosse jusqu’à la dissolution du système social celtique par les conquérants anglais aux XVIIè et XVIIIème siècle. Elle nous est parvenue par les magnifiques exemplaires survivants des XIVème et XVème siècles exposés à Dublin et Edinburgh : la " Trinity College harp ", la " Queen Mary harp " et la " Lamont harp ", joyaux qui nous permettent aujourd’hui de reconstituer ce patrimoine héritier d’une très longue tradition musicale qui fut à la fois populaire et savante.

En Bretagne armoricaine, on ne retrouve la pratique de la harpe qu’à une période bien antérieure, plus difficile d’accès mais incontestable. Les raids des Vikings, puis la francisation de la classe dirigeante bretonne, et enfin la perte de l’indépendance, sont autant d’obstacles qui nous séparent de notre histoire et de notre patrimoine. En l’absence d’instruments survivants, les documents littéraires et iconographiques nous indiquent sans ambiguïté que la pratique de cet instrument, en Bretagne comme au Pays de Galles, était au Moyen Age similaire à celle des Gaëls. Le plus ancien manuscrit de harpe connu au monde est un manuscrit brittonique (Ap Huw, Pays de Galles), dont la musique antique et savante est fortement apparentée au piobaireachd gaélique.


Si les Bretons et les Gaëls ont porté l’ancienne tradition de harpe jusqu’aux limites de leurs forces, il est important de souligner que l’origine de l’instrument nous est inconnue. Les étonnantes connexions entre cette ancienne musique de harpe et les musiques antiques de la Chine, de l’Inde, du Tibet, de la Birmanie, sont autant d’indices révélant que nous sommes en présence d’un héritage universel qui nous connecte à de très lointaines origines. Le style de jeu de la harpe celtique ancienne, par son extrême douceur, réduisant au minimum l’attaque de l’ongle, fait naître des harmoniques qui attirent des énergies très subtiles. Ce travail attirera les personnes en quête d’une spiritualité authentique, d’une connexion intérieure avec le divin, par la voie du coeur.



La harpe celtique ancienne est caractérisée par :




  1. 1)une caisse de résonance creusée dans un seul bloc de saule,


  1. 2)un plateau arrière fermant la caisse,

  2. 3) quatre ouïes sur l’avant

4) des cordes de bronze fortement tendues relativement resserrées (11mm au milieu des cordes), disposées en éventail

5) des cavaliers de métal ouvragés à la base des cordes

6) une console harmonique courbe fixée au centre de la partie supérieure de la caisse

7) des chevilles de métal, coniques

8) des joues de métal de chaque côté de la console harmonique

9) un pilier courbe

Elle est assemblée par un jeu de tenons et mortaises, sans aucune utilisation de colle. Une technique traditionnelle consiste à immerger les pièces de bois dans la tourbe avant assemblage afin qu’elles se chargent de silice, ce qui sublime la qualité du son et garantit la durée du bois dans le temps.

L’accord : La harpe ancienne est accordée en quintes justes (accord dit " pythagoricien "). Il n’y a pas de système de chromatisme, mais on réaccorde certaines cordes, les notes mobiles (ex : FA-FA dièse), pour accéder aux tonalités voisines ou changer de mode.


La technique de jeu :

1) la harpe est posée contre l’épaule gauche, main gauche dans les aigus, main droite dans les graves

2) on utilise les ongles,

3) les doigts sont droits, perpendiculaires aux cordes, pouce en bas

4) certaines cordes sont étouffées, d’autres autorisées à vibrer

5) le jeu requiert douceur et subtilité, et permet une grande précision rythmique.




    

À suivre ...


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